Sur l’Adamant

Sur l’Adamant

Follows patients and caregivers at a psychiatric centre with a unique floating structure located in the middle of the Seine river in central Paris.

EN

“Philibert is a director who has shown an interest in the philosopher Michel Foucault. Watching this documentary, I couldn’t help thinking that he must have had, somewhere at the back of his mind, the image of the ‘ship of fools’ from Foucault’s History of Madness, as well as his work on the 15th-century poem of that name by Sebastian Brant, a Platonic satire which Foucault influentially reinterpreted as the key image of pre-enlightenment madness, of mad people allowed to wander or float where they would, before the rational age of punitive surveillance decreed they should be confined and studied.

The Adamant is very different: a non-ship of non-fools. The fact that it’s floating (though moored) signals that it is some way outside the traditional buildings and institutions of psychiatry. Its patient-clientele are day visitors; at the end of the sessions, they return to their residencies and hostels. They are treated like students although, as François says, it is the off-camera world of meds that makes this possible.”

Peter Bradshaw1

  • 1Peter Bradshaw, “On the Adamant review - Berlin winner offers art and soul aboard a floating Parisian day-care centre,” The Guardian, March 2023.

FR

« « Je veux vous parler de l’arme de demain. Enfantée du monde, elle en sera la fin. Je veux vous parler de moi, de vous. Je vois à l’intérieur des images, des couleurs. Qui ne sont pas à moi, qui parfois me font peur. Sensations qui peuvent me rendre fou. » Ainsi commence ce film très fort, avec cette version in extenso de ‘La Bombe humaine’ (Téléphone, 1979), telle que personne, pas même Jean-Louis Aubert, ne l’a jamais chantée ni entendue. C’est un homme aux cheveux ras grisonnants, guitariste à ses côtés dans une cabine de bateau, sec comme un coup de trique, regard de braise, élocution batailleuse, qui l’interprète ici avec l’intensité d’une grenade dégoupillée. Retenons ce couplet. On comprendra vite que celui qui le chante comme il le vit a peut-être plus de raisons que ses créateurs d’être éprouvé par l’explosive dépossession de soi qui y est évoquée. »

Jacques Mandelbaum1

 

« Dans ce contexte, il faut bien montrer que les soignants occupent une position de retrait et qu’ils ne sont pas le centre du film. Il n’y a dès lors aucun dialogue réel qui se pose, chacun restant de son côté, dans une position de retrait qui reste dominante. On le comprend très bien à la fin lorsqu’une pensionnaire demande d’animer un atelier de danse et qu'un des médiateurs exprime le point de vue perplexe de son équipe. Le rapport de force qui existe entre les protagonistes se révèle ici plus glaçant qu’il n’y paraît, la distance se faisant ressentir malgré le cadre de vie novateur. Croire dès lors à une dignité reconquise est compliqué. [...]

Sur l’Adamant se clôture par un écriteau lourdement explicatif alors que le film s’ouvre par des mots de Fernand Deligny, qui a tant inspiré Gilles Deleuze. Ce paradoxe révèle bien les incohérences d’un film qui n’a rien à voir avec le travail de Deligny et bien plus, en effet, avec le pensum qui s’autocongratule d’avoir pu donner à voir autrement l’épineuse question du traitement psychiatrique. Certes, mais pour nous, on l’aura compris, Nicolas Philibert n’est pas moins froid et clinique qu’un mauvais psychiatre, et si l’aventure de l’Adamant fonctionne en tant que telle, il n’aura pas réussi à en montrer toute la singularité à l’exception de quelques détails (mais, par exemple, n’y a-t-il pas des ateliers dans la plupart des centres ?). Dans ce cinéma-prison étalant des gueules cassées et des vies brisées, aucun détenu ne reçoit vraiment la chance de tirer son épingle du jeu, les moments de « grâce » étant surtout embarrassants. »

Guillaume Richard2

  • 1Jacques Mandelbaum, « « Sur L'Adamant », de Nicolas Philibert, une folie qui vogue en toute liberté, » Le Monde, April 18.
  • 2Guillaume Richard, « « Sur l'Adamant » de Nicolas Philibert : Malaise-sur-Seine, » Le Rayon Vert, 2023.
screening
Flagey, Brussels