Passage
L’histoire du cinéma est faite non seulement d’images et de sons, mais aussi de mots. Dans l’obscurité du cinéma, les choses prennent forme une première fois, deviennent réelles. Dehors ensuite, sur le trottoir, tout semble oublié. Le film nous glisse entre les doigts et l’on se demande ce que l’on vient de voir ou d’entendre. Aussitôt surgit en nous aussi le besoin d’inventer des formes, le désir de se souvenir du film, de le répéter, de le recomposer, de lui redonner forme par l’écrit. L’écriture devient alors un moyen pour prolonger son expérience, une façon de regarder à nouveau et de ne pas rester seul avec elle, une façon d’être “d'être spectateurs avec quelqu’un, ensemble (comme un nous)”, selon Dirk Lauwaert. Peut-être d’ailleurs qu’un film n'existe pleinement que lorsqu’il a été discuté et “décrit”.
Pour sa nouvelle rubrique Passage, Sabzian demande à des critiques de cinéma, auteurs, cinéastes et spectateurs un texte ou un fragment qui les a marqués. Pas nécessairement leur préféré, cela peut être une phrase, un paragraphe, une phrase, un passage, une formulation, un essai ou une interview qui, à un moment donné, a perturbé, modifié, confirmé ou couronné leur vision ou leur réflexion sur le cinéma. Le montage d’histoires de lectures et de réflexions personnelles esquisse ainsi, modestement, les contours d’une histoire du cinéma alternative.
La section est lancée par des contributions d’Adrian Martin (qui a choisi une phrase de Raymond Bellour), Cristina Álvarez López (qui a choisi “A Free Replay (Notes sur Vertigo)” de Chris Marker) et Romain Lefebvre (qui a choisi une citation de Roberto Rossellini).