Mon coeur est rouge

Mon coeur est rouge

In Mon coeur est rouge we spend two days in the life of a woman named Clara, played by Françoise Lebrun, who works for an advertising company. Sent away to conduct a poll on make-up, she ends up interviewing women from all walks of life.

 

« C’est à travers un regard de femme que j'observe la réalité. Mais un regard tendre, sur tout ce qui est vivant [...]. Dans mes films les constats sont toujours un peu amers, mais je garde une attitude positive sur tout... bien obligée. »

Michele Rosier

 

Françoise Oukrate: « Mon coeur est rouge », le titre, qu’est-ce qu’il signifie pour toi?

Michèle Rosier: Ça veut d’abord dire: je suis vivante, ce qui me paraît important! Et puis c’est le goût de l’évidence: le coeur de tout le monde est rouge, homme, femme, noir, blanc, etc... Dans le titre, il s’agit plutôt de ce qui rassemble les gens plutôt que de ce qui les différencie.

Le sens politique, tu y as pensé aussi, je suppose?

Eh oui! Ça c’est le « Mon ». Le coeur de Clara est sans doute plus rouge, pls participant, que celui des autres que j’imagine volontiers « beigesse ». En fait ce titre, je l’ai pris dans une lettre de Georges Sand. Pendant les barricades de 1848, elle écrit cela à un ami: « vous savez que mon coeur est rouge ».

Françoise Oukrate en conversation avec Michèle Rosier1

 

« Portraitiste à pattes d'oiseau qui a toujours su dire et montrer, à travers ses modèles, le frémissement des êtres, leurs déchirements intimes, leurs pulsions et impulsions. »

Michel Boujut

 

“Rosier’s eye for fashion design is apparent; one scene where we watch an upper-class woman get fitted for a party dress pokes fun at fashion (the dress is a mass of black tulle that the woman wails is too tight) and class, as Clara holds the woman’s child on her lap while asking her research questions. Other scenes take place at a communal daycare center, a building lobby where a cleaning woman serenely waxes the floors and sings, and a weird, wild happening that closes the film. Women (including Mai Zetterling and Anne Wiazemsky) and girls perform and party dressed as famous male authors, taking the piss out of Freud, Sartre, and Marx. ‘Even though love is our job, we too have a soul,’ a woman sings to the assembled crowd near the end of the film, a cri de coeur for equal rights in a changing world.”

Dana Reinoos2

 

« Sur une scène, plusieurs femmes se succèdent, déguisées selon le personnage célèbre qu’elles représentent: la première, Aristote, dit « le mâle est plus parfait, il commande, la femelle est moins accomplie, elle obéit… ». Toutes rient, d’un rire complice qui soulage, et huent l’Aristote sexiste qui reçoit un bonnet d’âne. C’est au tour de Rimbaud: « quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, elle sera poète elle aussi… », applaudi, il reçoit une couronne de fleurs. Par contre Honoré de Balzac est terriblement sifflé : « elle est garçon, elle est artiste, elle est grande, généreuse, dévouée, chaste, elle a tous les grands traits de l’homme, donc elle n’est pas femme ! ». Au tour de Caldèron: « si la femme est démon toute l’année, il se peut bien qu’un jour le démon soit une femme… », mais, hésitations, comment prendre la phrase…Celui à qui on remettra le bonnet d’âne avec le plus de délice sera Sigmund Freud, « toutes des hystériques! ». Toutes se regardent, s’amusent de cette mise en scène, heureuses d’oublier la gravité des luttes le temps d’une fête. Pour mettre en scène cette apothéose finale, et comme pour la dédicacer à toutes les femmes qui travaillent pour l’émancipation des femmes, Michèle Rosier a convié Anne Wiazemsky, Coralie Seyrig, Mai Zetterling, Danielle Jaeggi, Françoise Oukrate, Nicole Lise Bernheim…toutes des femmes qui travaillent à un cinéma différent. La fête termine par des chants, des sketches qui parodient des comportements stéréotypées de femmes, comme la frénésie de faire les boutiques…puis l’air jazzy du film nous ramène à Clara, assise au milieu d’autres femmes, toutes tournées vers nous, certaines nous adressent un sourire, d’autres paraissent surprises ou méfiantes, enfin, toutes différentes mais toutes féministement solidaires. »

Lorie Decung3

 

“Michèle qui ? 5 films commentés par la réalisatrice,” interview with Michèle Rosier on the occasion of the retrospective of her work at the Cinémathèque française in 2016.

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UPDATED ON 31.05.2021