Mes petites amoureuses

Mes petites amoureuses

Ô mes petites amoureuses,
Que je vous hais!
Plaquez de fouffes douloureuses
Vos tétons laids!

Arthur Rimbaud, ‘Mes petites amoureuses’, 1871

 

« On me demande souvent pourquoi j’ai voulu faire ce film là. En dehors des petites réponses anecdotiques qui n’ont pas grande importance, je me suis aperçu que la seule raison que je pouvais donner, c’est : par nécessité. Les films que j’ai faits, j’ai senti un besoin impérieux de les faire, et à n’importe quel prix puisque bien souvent j’ai sacrifié la qualité pour les faire quand même. »

Jean Eustache1

 

« Ce film-là, c’est le passage d’un enfant de la vie normale à la marginalité, alors que tous mes autres films se situaient dès le début, dans la marginalité. »

Jean Eustache2

 

« On a toujours dit que mes films ressemblaient à des documentaires et mes documentaires à des fictions... Je filme ce qui se passe, exactement comme je filmerais de la fiction. Le regard est le même, et ce regard, c’est moi, c’est mon cinéma. »

Jean Eustache3

 

« Si l’on ne devait retenir qu’une séquence de Mes petites amoureuses, ce serait celle où Daniel, assis sur un banc de la promenade à Narbonne, voit un couple d'amoureux s’embrasser. En face de lui, sur le banc opposé au sien, un homme regarde aussi le baiser du couple. Cet homme, c’est Jean Eustache, qui fait fréquemment de petites apparitions dans ses films, mais dont celle de Mes petites amoureuses est la plus émouvante, grâce à cette mise en miroir du cinéaste et de son interprète. »

Alain Philippon4

The scene mentioned above is included in Alex Robertson's video essay (2016, 10') on Mes petites amoureuses for Double Exposure, the film journal of Columbia University.

 

« Contrairement aux techniques du début de la Nouvelle Vague qui ‘volaient’ le mouvement des gens dans la rue, Eustache construisait soigneusement la chorégraphie des allées et venues des figurants. Cette totale reconstitution et transposition devenait la réalité de ses souvenirs d’adolescence. »

Nestor Almendros5

 

« Mes petites amoureuses est un film qui sait que les plus grandes blessures de l’enfance ne sont pas forcément associées à des évènements graves mais s’inscrivent volontiers dans des petites scènes sans importance pour les autres, où l’enfant voit avec une terrible lucidité la place exacte à laquelle il se découvre d’ores et déjà condamné dans les scènes du scénario de cette vie où, tant bien que mal, il va lui falloir entrer. »

Alain Bergala6

 

« Le travail de Mes petites amoureuses est un travail de restitution d'une réalité vécue. Il faut que je retrouve et restitue l'expression d'un visage au deuxième plan, l'ombre d'un pan de mur, qui ont pu m'impressioner au point que je m'en souvienne encore. »

“[I wanted] to reconstruct my childhood: every wall section, every tree, every light pole.”

Jean Eustache7

  • 1Jean Eustache & Serge Toubiana, ‘Cinéma français (V): Entretien avec Jean Eustache,’ Cahiers du cinéma, nr. 284, janvier 1978, 16-27.
  • 2Jean Eustache in L’Humanité, 1 janvier 1975.
  • 3Jean Eustache, ‘Pourquoi j'ai refait la rosière,’ Cahiers du cinéma, nr. 306, décembre 1979.
  • 4Alain Philippon, Jean Eustache (Paris: Cahiers du cinéma, 1986), 50.
  • 5Nestor Almendros, Un homme à la caméra (Paris: Hatier, 1980).
  • 6Alain Bergala, ‘Enfance d’un cinéaste,’ Cahiers du cinéma – Spécial Jean Eustache, supplément au nr. 523, avril 1998, 12.
  • 7Written by Eustache in 1971, as cited in Fernando Ganzo, ‘Les 12 travaux d'Eustache,’ So Film – Spécial Jean Eustache, nr. 49, avril 2017, 46.
    English version as cited in Nick Pinkerton, “His Little Loves: The life and films of Jean Eustache,” Moving Image Source, June 12, 2008.
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CINEMATEK, Brussels