Anne Teresa De Keersmaeker

Du 9 juin au 31 août, CINEMATEK consacre une exposition à Fernand Schirren, le pianiste principal à avoir accompagné les films muets de la fondation du Musée du Cinéma en 1962 à 1982. En 1982, Schirren participe à la constitution d’une équipe permanente de pianistes pour accompagner les projections quotidiennes, dont Jean-Luc Plouvier. Plouvier: “L’improvisation sur muets, sans préparation, est un artisanat particulier, à distinguer absolument de l’écriture d’une musique de film. Le pianiste n’est pas situé du côté du réalisateur, dont l’action est préméditée et l’effort généralement dissimulé.”

The film Mitten, which shows us what goes on behind the scenes in the creation of Mitten wir im Leben Sind/Bach6CelloSuiten, focuses on this point exactly: how is dance invented? The camera of Olivia Rochette and Gerard-Jan Claes scrutinises how it emerges from a continuous circulation between the notes, the words and the gestures. Each scene, alternating between sessions at the table and rehearsals of dance sequences, redistributes the evolving places of these different symbolic arrangements. We see the stops, the retakes, the discussions: about a note, a rhythm, a trajectory.

De film Mitten – die ons de coulissen toont van de creatie van Mitten wir im Leben sind/Bach6CelloSuiten – legt de vinger precies op dat punt: hoe wordt dans gemaakt? De camera van Olivia Rochette en Gerard-Jan Claes neemt de manier onder de loep waarop dans verschijnt uit een voortdurend verkeer tussen noten, woorden en gebaren. Elk shot – afwisselend sessies aan tafel en repetities van de gedanste sequensen – herverdeelt de veranderlijke plaatsen van deze verschillende tekensystemen. We zien het stoppen, het hernemen, de discussies: over een noot, een ritme, een traject.

Le film Mitten – qui nous montre les coulisses de la création de Mitten wir im Leben Sind/Bach6CelloSuiten – met le doigt sur ce point précis : comment s’invente la danse ? La caméra de Olivia Rochette et Gerard-Jan Claes scrute la manière dont elle émerge d’une circulation continue entre les notes, les mots et les gestes. Chaque plan – alternant séances à la table et répétition des séquences dansées – redistribue les places fluctuantes de ces différents régimes de signes. On observe les arrêts, les reprises, les discussions : sur une note, un rythme, une trajectoire.

“Bij de montage zagen we redelijk snel in dat de film gaat over concentratie, niet alleen menselijke concentratie tijdens een werkproces, maar ook als stuwende dynamiek. Tijdens een creatieproces van Anne Teresa wordt er duidelijk naar iets toegewerkt, een “punt”, iets dat eigenlijk onbereikbaar is, een bepaalde graad van precisie of juistheid.”

« Nous avons rapidement relevé que le film, justement, allait traiter de concentration. Non seulement la patiente concentration des artistes absorbés par le travail, mais aussi la concentration au sens d’une cristallisation, celle d’un processus soumis à une propulsion. Lors d’un processus de création avec Anne Teresa, chacun ressent que l’on œuvre vers un cap, un « point », quelque chose qu’il est à vrai dire difficile de nommer et d’atteindre, et qui met en jeu toutes les ressources de la précision et de la minutie. »

“During the editing process we realised fairly early on that the film is mostly about concentration. Not only human concentration during a working process but also in terms of a propelling dynamic. A creation process of Anne Teresa clearly works towards something, towards a point that is actually unattainable.”